Stranger Things – Saison 2 : « Series are for coffee and contemplation »

AVERTISSEMENT: L’article suivant contient des spoilers sur la saison 1 et sur la saison 2. Vous êtes prévenus. Les opinions exprimées dans cet article sont uniquement les miennes et j’ose espérer que vous ne serez pas toujours d’accord avec moi.

Il y a toujours une espèce d’excitation qui monte quand on sait qu’on va voir la suite d’une série qu’on a adorée. Quand on commence une nouvelle saison, alors qu’on a binge watcher la première (ce qui n’est pas malin quand on doit attendre un an derrière, on est d’accord), on a des attentes, des souhaits par rapport à ce que va être cette suite.

Personnellement, j’attendais la saison 2 de Stranger Things avec l’impatience d’une gamine de 8 ans la veille de Noël, mais je sais aussi que c’est généralement comme ça que je suis déçue. J’étais dans cet état pour la dernière saison de Game of Thrones (hum, pour toutes les saisons après la première en fait) et j’ai été plutôt déçue (j’entends déjà les hués, oui, je sais).

Cette fois-ci, pour la saison 7, le problème n’était pas que mes attentes n’ont pas été satisfaites, c’est même le contraire. Quand on sait qu’on peut s’attendre à tout, qu’on a fait des plans sur la comète, si tout ce qui se passe au fil des épisodes ne surprend pas (ou plus autant), on est encore plus déçu (et quand on est un peu difficile comme spectatrice aussi, on ne va pas se mentir).

Donc, pour cette saison 2 de Stranger Things, pas de plan sur la comète, de scénario imaginé à l’avance, juste de l’attente impatiente et une terrible envie de revoir les héros de cette série fraiche et ultra addictive.

Stranger Things 1 : Tu ne devrais pas aimer quelque chose parce que les autres te disent que c’est bien

Pour contextualiser, le niveau de sang et d’horreur de cette série sont à peu près le maximum que je puisse supporter (je ferme souvent les yeux devant GoT). De fait, je regarde rarement une série juste parce que tout le monde dit qu’elle est bien, super, merveilleuse, surtout si elle est violente ou horrifique.

C’est pourquoi, pour moi, Stranger Things est très rafraîchissante et originale, car il n’est pas dans mes habitudes de regarder ce genre de série (et avec les yeux ouverts tout le temps !).

Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle j’ai adoré la saison 1. Cette incursion dans les années 80 m’a replongée en enfance (j’ai grandi dans les années 90 et été biberonnée aux films des années 80), avec la référence évidente aux Goonies (Richard Donner, 1985), entre autres, et l’ambiance kitsch des intérieurs de maison, des vêtements (et des coupes de cheveux) des personnages qui ont tendance à me réjouir, je dois bien l’avouer.

Le jeu des acteurs, surtout des plus jeunes, est excellent, ce qui renforce évidemment l’empathie pour leurs (més)aventures (je ne vous apprendrais sans doute rien sur l’identification que ce soit au cinéma ou dans les séries).

L’enquête à trois niveaux est aussi un des gros points forts de la série. En effet, si les personnages unissent leurs forces vers la fin de la saison, lorsque les adultes aident Eleven à recréer un caisson d’immersion (dans une piscine gonflable) pour retrouver Will et Barbara dans l’Upside down, le reste du temps, chaque tranche d’âge, si j’ose dire, mène son enquête afin d’aider les disparus par ses propres moyens.

Ainsi, les adultes, représentés par le chef Hopper et Joyce, notamment, enquêtent de manière «officielle», en avançant au fil des pistes: le laboratoire, l’apparition d’Eleven, qu’Hopper pense être Will, les expériences du Dr Brenner et leur lien avec Terry Ives et sa fille disparue… Toutefois, Hopper étant du genre déterminé et à ne pas s’embarrasser des règles, il emploie quand même la manière forte à plusieurs reprises, en entrant par effraction dans le laboratoire par exemple.

De son côté, le groupe des plus jeunes, composés de Dustin, Mike et Lucas, rejoints rapidement par Eleven, cherche aussi à aider Will, mais ils doivent agir discrètement et échappent plusieurs fois de justesse aux hommes de Brenner qui les poursuivent pour récupérer Eleven. Leur détermination sans faille leur permet de surmonter tous les obstacles, même s’ils ne voient les événements qu’avec leur point de vue d’enfant, parfois naïf, mais toujours courageux (plus que moi, adulte). Confrontés très vite au surnaturel, ils s’adaptent à toutes les situations pour veiller sur Eleven (en particulier Mike), malgré les dissensions dans le groupe dues à l’arrivée de ce nouveau membre.

Enfin, un troisième groupe, improbable à première vue, est formé, par Nancy, Jonathan et, un peu malgré lui, Steve. Ils se réuniront pour suivre leurs propres pistes et devront faire preuve de beaucoup de sang froid, car ils feront face au «Demogorgon». Agissant de manière plus intrépide que les plus jeunes, mais moins réfléchie que les adultes, ils se rendent même dans l’Upside Down (Nancy et Jonathan) dès le début de leur enquête, presque par accident, en suivant la trace de Barbara.

La richesse de ces différents points de vue, à travers ces trois enquêtes, rend vraiment l’intrigue riche et chacun peut y trouver son compte. Aux différentes pistes suivies qui frôlent le fantastique se mêlent des sous-intrigues plus terre-à-terre, amoureuses notamment, mais qui tournent aussi autour de l’amitié et de la famille, sans donner une image d’un monde tout rose : Joyce élève seule ses deux fils et est loin de la mère parfaite; Steve sous ses airs de mauvais garçon tient vraiment à Nancy, elle-même rongée par la culpabilité d’avoir laissé Barbara seule avant son enlèvement ; Hopper boit, fume, n’est ni très patient ni même très concerné par son travail…

Les questions soulevées par ces histoires construites et racontées en parallèle ne trouvent pas toutes de réponse, certes, mais loin du « syndrome Lost », les scénaristes semblent savoir où ils vont (vers une saison 2, dans un premier temps, mais en termes de conclusion également). C’est ce qui donne une impression de cohérence globale et qui donne envie de voir la suite.

Stranger Things

Je ne cite là que quelques-unes des raisons pour lesquelles je suis devenue accro à cette série, mais je pourrais en ajouter encore une longue liste. Il y a aussi évidemment le final haletant, où l’on croit Eleven partie de l’autre côté et qui annonce une suite (une fin) moins heureuse que ce qu’il paraît: Will va-t-il se remettre? Eleven est-elle morte? Comment les évènements survenus à Hawkins vont-ils être expliqués au reste de la population? Les héros vont-ils reprendre une vie normale après une telle aventure?

Stranger Things 2 : Attention chéri, ça va spoiler !

Au sujet de la deuxième saison, je noterai tout d’abord un détail intéressant: l’intitulé exact est Stranger Things 2 et non saison 2 (oui, je chipote, mais les épisodes sont aussi appelés «chapitre») [en l’occurrence, les auteurs de la série en parlent quand même comme d’une saison].

Comme s’il s’agissait d’un film, la saison est présentée comme un second opus (ce qui est rarement bon signe au cinéma malheureusement), mais l’ambition affichée (outre la qualité cinématographique) serait alors selon moi que cette seconde partie puisse fonctionner seule. Oui, pour voir Indiana Jones et le temple maudit (le 2, donc), il est préférable d’avoir vu le premier, Indiana Jones et l’arche perdue (Steven Spielberg, 1984 et 1981 pour le premier), mais ce n’est pas indispensable. Alors, Stranger Things 2 fonctionnerait-il comme un tout et de manière quasi-autonome ?

Oui et non (bah oui je vous aide beaucoup sur ce coup). Oui, car il s’agit d’une nouvelle intrigue avec un début et une fin (ouverte sur la saison 3 évidemment), un nouveau monstre, de nouveaux personnages qui s’ajoutent au casting original. Et non, car selon moi, la cohérence générale est moins bien tenue (malédiction du second opus ?) et surtout, pour comprendre la dynamique des relations entre les personnages, il est tout de même nécessaire d’avoir vu la saison 1.

Dans l’ensemble, les personnages ont bien évolué par rapport à la première saison. C’est vrai surtout pour Will, peu présent jusque-là, qui tient une place importante dans ces nouveaux épisodes. Malheureusement pour lui, le retour « à la normal » ne dure pas longtemps (comme annoncé par la limace qu’il vomit en fin de saison précédente) et il se retrouve de nouveau au prise avec l’Upside Down qui envahit peu à peu son quotidien.

En revanche, cette évolution est plus irrégulière pour Eleven, qui tente d’en apprendre plus sur son passé et ses origines, mais qui, se faisant, perd un peu en épaisseur et en mystère. Son décalage avec les autres et son incompréhension du monde en faisait un être à part et terriblement attachant dans la saison 1, même si beaucoup de zones d’ombre demeuraient, tandis qu’elle est devenue une gamine un peu capricieuse et colérique. Evidemment, la crise d’adolescence est passée par là.

Il est bien normal qu’elle cherche des réponses sur son passé, mais si son duo improbable, explosif et aussi touchant avec Hopper fonctionne bien, ses errements loin de Hawkins éloignent trop de l’intrigue principale déjà dispersée. Cela donne un Chapitre Sept, intitulé La Sœur Perdue, de qualité discutable tant il coupe net l’action qui se déroulait jusque-là et la montée en tension qui commençait à s’opérer (une attaque imminente d’une meute de « demodogs » au laboratoire).

Même s’il s’agit d’un procédé narratif plutôt classique – l’intrigue est suspendue et la narration se focalise sur un autre personnage, une autre intrigue, dans le but de laisser le spectateur (ou le lecteur) dans un état d’attente fébrile – ici cet épisode manque presque d’intérêt. Deux raisons principales à cela selon moi: un problème de crédibilité et le format de la série.

En effet, à aucun moment je n’ai cru qu’Eleven perdrait assez son sang-froid pour tuer un homme (sans qu’il s’agisse de légitime défense) et l’intrigue était parfois trop évidente. Ainsi, le fait que Ray, l’ancien gardien et tortionnaire du laboratoire, ait lui-même une famille et des enfants étaient si évident que cette séquence en était presque absurde.

Eleven est, dès le début de l’épisode, trop éloignée de la « bande de punks », car même si elle a été enfermée la plus grande partie de sa vie, elle a une morale et des valeurs, notamment grâce au semblant de famille qu’elle s’est forgée: Hopper en père, Joyce en mère, Dustin et Lucas en frères et surtout Mike, qui lui a appris quelques grands principes auxquels elle ne dérogera sans doute jamais (« Friends don’t lie »).

Oui, elle se rebelle et elle est particulièrement dangereuse, non, elle ne tue pas par vengeance même avec un look badass. Son personnage fonctionne d’après moi beaucoup mieux lorsqu’il interagit avec la bande des garçons, ou même avec Hopper ou Joyce, car leur relation lui donne plus de relief.

Par ailleurs, si la saison faisait une vingtaine d’épisodes, cet aparté par rapport à l’intrigue principale ne serait pas dérangeant, cela arrive souvent, même dans les séries avec un fil rouge. Dans une saison de neuf épisodes en revanche, une telle parenthèse me semble plutôt décevante et souligne encore plus le défaut principal de la saison : son rythme en dents de scie, d’autant plus marqué que la saison 1 montait en puissance à chaque épisode pour finir en apothéose et ouvrir sur la suite.

Le final de Stranger Things 2, qui comprend en fait les deux derniers chapitres est pourtant scotchant !

Même si Eleven apprend à mieux contrôler son pouvoir, ce qui est d’ailleurs indispensable pour la fin de saison (j’ai assez spoilé, je ne dirai rien de plus à ce sujet), que sa « sœur », Kali, a elle-même un pouvoir d’illusion mentale très cool (juste très cool !), cette plongée dans les bas-fonds de Chicago tombe un peu comme un cheveu sur la soupe. De plus, cela contribue à préparer le retour de l’héroïne en véritable Deus Ex Machina, trop attendu, car je ne doutais pas un instant que la seule personne à pouvoir sauver Hawkins n’était autre que celle qui l’avait déjà fait une première fois !

Sean Astin dans les Goonies

Sean Astin dans les Goonies

L’introduction de nouveaux personnages, un passage attendu dans une nouvelle saison, est également en demi-teinte. Certains apportent un souffle d’air frais, comme Bob, le petit-ami de Joyce, (même s’il donne le pire conseil de l’histoire des beaux-pères à Will ! Autant il faut toujours écouter les conseils de Catelyn Stark, autant Bob, vraiment, s’il te plaît, ne conseille plus jamais personne).

Son arrivée permet de voir Joyce sous un autre jour, en tant que femme et pas seulement mère, souriante et détendue, car beaucoup avait critiqué et moqué le jeu de Winona Ryder qui passait son temps à pleurer dans la saison 1 (en même temps son fils était coincé dans une sorte de dimension parallèle démoniaque).

Evidemment cela ne durera pas, mais Bob rempli bien son office et a même parfois l’air si gentil et attentionné, qu’on se demanderait s’il n’est pas espion pour le gouvernement ou lui-même possédé (je vois vraiment le mal partout). Néanmoins, c’est un personnage qui est important pour l’équilibre général, puisqu’il n’a pas encore été confronté au surnaturel et à un côté terre à terre plutôt rassurant. De plus, l’hommage à peine dissimulé aux Goonies est ici trop beau pour ne pas être cité [Sean Astin, qui joue Bob, était le héros du film].

En revanche, d’autres personnages sont, selon moi, moins bien intégrés dans cette nouvelle saison. C’est le cas de Billy et Maxine, qui sont certes des personnages intrigants et bien interprétés, mais qui sont un peu trop présents à mon goût et amènent une sous-intrigue supplémentaire dont on aurait pu se passer dans les neufs petits épisodes que compte la saison.

Là encore, s’ils avaient été développés sur une saison plus longue, leur présence aurait pu s’équilibrer, mais, comme je l’ai déjà signalé, le fait de se disperser de l’intrigue principal nuit malheureusement à la cohérence générale. Assez peu attachants – pour Billy, c’était voulu, les Duffer Brothers, créateurs de la série, ayant expliqué vouloir intégrer un nouvel antagoniste humain, comme l’était plus ou moins Steve en saison 1 – ils ont néanmoins le mérite de dérégler les rapports entre les personnages.

Cela donne lieu à des conflits interminables (et peu passionnants malheureusement) entre Dustin et Lucas (qui passait déjà la saison précédente à se disputer avec Mike au sujet d’Eleven), une réaction violente d’Eleven qui voit l’arrivée de Max d’un mauvais œil et à un retournement de situation pour Steve. Il passe ainsi de petite terreur, de brute (bully), à victime, car, devenu le baby-sitter attitré de la bande, qu’il tente de défendre, il se fait tabasser par Billy le fou furieux (ce qui amorce un duo Dustin/Steve plutôt plaisant et amusant).

D’après moi, pour que l’antagonisme fonctionne, il serait préférable que l’on en sache plus sur Billy dès le début. En distillant les informations sur son histoire personnelle et familiale, les scénaristes ont l’air d’avoir perdu de vue le principal: le vrai méchant, c’est le monstre de fumée (ça y est je l’ai dit), pas un petit merdeux qui enrage à cause de sa vie et décide arbitrairement de persécuter la bande comme son père le fait avec lui.

Le tout donne une saison 2 qui remplit bien son contrat, en tenant en haleine et en faisant avancer l’intrigue et évoluer les personnages, mais qui provoque aussi de petites déceptions. En demi-teinte, elle ne parvient à retrouver son ton et son rythme que dans les derniers épisodes (après les avoir rapidement perdus en début de saison, qui avait pourtant bien commencé).

Globalement pauvre en véritable scènes horrifiques, gores ou effrayantes, elle fait tout de même le plein de sang et de monstres pour le final, en renouant avec une ambiance plus dark. Ponctuée de touches d’humour et de séquences hommages aux années 80 (et au cinéma des années 80 en particulier), cette saison laisse quand même en souvenir quelques scènes déjà devenues cultes sur internet et qui rappellent la qualité du travail des scénaristes, réalisateurs et acteurs, ce qui n’est déjà pas donné à toutes les séries.

Finalement, pour conclure, j’emprunterai une citation à une autre série et à une héroïne qui a bercé mon enfance et mon adolescence(Buffy contre les vampires): « La chose la plus dure sur cette Terre, c’est d’y vivre » un an de plus en attendant que la nouvelle saison sorte (je suis à peu près sure que c’est de ça qu’elle parlait avant de se sacrifier pour sauver le monde).

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