Lettre Ou’verte : Stop au Confinement Total

(Au moins) 2 options s’offrent à nous

D’ici quelques temps, l’une de ces deux options se sera imposée.

  • Soit, le coronavirus aura continué à s’étendre jusqu’à la disparition de la quasi-totalité de la population, les quelques derniers survivants ayant trop peur de sortir pour tenter d’apprendre à faire pousser sa propre nourriture et trouver de l’eau potable.
  • Soit, c’est l’épidémie qui va disparaître, laissant apparaître avec elle la promesse de pouvoir de nouveau sortir et vivre « normalement ».

Dans cette lettre ouverte à vous tous, membres de ce joyeux patchwork que nous appelons humanité, nous considérerons l’option numéro 2.
Le coronavirus est derrière nous, un nouveau jour se lève sur la planète océan.

C’est alors que bon nombre d’autres options s’offriront à nous, options que nous pourrons choisir ou rejeter. L’humain étant une créature sociale et joueuse, je vous propose de regarder les questions en avance pour être prêts à jouer le moment venu :

LE CALME & LA DETENTE

  • Soit l’attente de ces semaines interminables a été trop difficile. Je dois faire de nouveau tourner la machine. Il faut que je remette en route ma voiture et que je fasse du bruit pour que tout le monde sache que je suis là… au milieu de tous les autres qui tenteront de faire plus de bruit pour faire savoir qu’ils sont là !
  • Soit, après avoir entendu les oiseaux revenir autour de chez moi, j’ai commencé à sentir le vent et le doux bourdon des abeilles. Pas de son de voiture, pas de hurlement dans les rues. J’ai envie d’accompagner le monde a rester détendu, je veux montrer l’exemple en en gardant ce calme si cher, je décide d’œuvrer pour tout ce qui nous permet de respirer et vivre tranquillement.

LES PROCHES

  • Soit il faut bien qu’on se sépare des autres car ils nous étouffent : je m’éloigne de ma famille, de mes voisins, de mes amis et je reviens à mon écran, à ma tête baissé et ma nuque brisée. Et je m’éloigne de moi : quelle horreur d’être avec moi !
  • Soit j’ai pris conscience que de vivre avec les autres pouvait être merveilleux et que j’avais en même temps besoin d’espace. J’ai envie de redonner de la valeur aux moments de sollicitude, aux marches en forêt, en montagne, autour de chez moi ; et de la valeur aux moments avec les autres, que ce soit pour lire ensemble, jouer, ou même juste sourire à des inconnus. Je décide de garder du lien, avec les autres, et avec moi-même.

LES DEPENSES

  • Soit j’ai paniqué totalement. J’ai fait du stock de nourriture et me suis demandé comment on allait faire sans travailler et espérer que l’Etat et l’Europe délivre des milliards dans cette guerre pour sauver l’économie.
  • Soit j’ai fait des maths pendant une seconde. J’ai moins acheté, donc moins dépensé. Je décide de me demander si on a vraiment besoin de faire tourner des usines à fond quand on achète moins. J’ai envie de dépenser moins et mieux.

LA CONSOMMATION

  • Soit j’ai tenté de continuer à engranger un maximum, en espérant que l’état allait renflouer les caisses des entreprises. Maintenant que c’est fini, je dois « rattraper le retard« , gagner de l’argent et dépenser, car il faut consommer, c’est comme ça que le monde marche non?
  • Soit j’ai eu envie de continuer à réparer et embellir ce que j’ai déjà, au lieu d’acheter du neuf, car en travaillant moins et en gagnant moins, j’ai le temps de le faire, souvent avec mes proches, et que les résultats sont beaux et m’apportent fierté. Je décide de ne plus sentir le couperet de l’argent et de la fin de mois sur ma nuque, je décide d’arrêter de jouer à ce jeu malsain.

MON TEMPS

  • Soit j’ai passé mon temps à chercher comment passer mon temps. J’ai alors vu que sans sortir, et sans acheter de nouvelles choses, c’était l’ennui total. Pire, c’était oppressant. Maintenant, je peux me remettre la tête dans le guidon : voiture, boulot, télé, dodo. Le tout avec l’espoir des vacances et de la retraite où je pourrai me sortir la tête du guidon.
  • Soit j’ai vu que quelque chose clochait non ? Pourquoi je fais tout ça ? Pourquoi je m’épuise ? Parce que c’est comme ça que ça marche ? Ou est-ce que j’ai pris conscience que je m’agitais dans tous les sens pour pouvoir faire semblant de ne pas voir ce que je sais en fait déjà très bien : que je travaille toujours soit pour les rêves des autres, soit pour avoir de l’argent à dépenser pour des grandes compagnies qui m’offrent quelques gouttes de divertissement juste pour pouvoir retourner travailler pour eux le lendemain. Que je donne mon temps, donc ma vie, pour m’éloigner de ce qui compte le plus pour moi (ma famille, mes passions, le grand air) en faisant croire que c’est pour avoir de l’argent et pour les entretenir alors que tout part en fumée.

Alors j’ai envie de commencer à travailler pour mes rêves maintenant. D’être actif pour les vrais besoins de la population (nourriture, nature, culture, santé, éducation). J’ai envie de prendre soin des autres autant que de moi. Je décide peut être de me lancer dans ma passion, ou de travailler moins en échangeant plus de temps avec des associations ou des producteurs. Je vais prendre ma vie en main et arrêter de me mentir.

LA GUERRE

  • Soit il me faut un ennemi « tangible », alors le Covid 19 me va parfaitement. Il montre qu’on est capable de s’unir pour lutter, défendre des principes, sauver des vies et reprendre l’activité, avec des sacrifices bien sûr. De plus, je ne peux pas le nier : il est là, il nous touche, et ceux qui ne respectent pas le confinement sont « des imbéciles », comme le dit notre ministre de l’Intérieur. Bref, je dois regarder la réalité en face ; puis je reprends ma vie « normale ».
  • Soit, je me rends compte qu’un ennemi qui ne s’impose pas à moi n’en est pas moins réel. Le coronavirus aurait en date du 02 avril fait 46 000 victime humaine dans le monde c’est un fait. Pourtant, un autre ennemi fait environ 9 000 000 de morts par an, et est la cause de la disparition de 26 000 espèces végétales et animales par an. Mais pas de déclaration de guerre réelle, pas de situation d’urgence : cet ennemi existe-t-il vraiment ? Je décide alors de regarder la réalité en face pas seulement lors d’une crise sanitaire, mais tous les jours, car ce massacre à lieu tous les jours, et je n’ai plus envie de faire comme si je ne le savais pas. Je veux prendre des mesures réelles car je sais que j’en suis capable.

LE MOUVEMENT

  • Soit je reprends mon quotidien du mouvement et de ma voiture car si je n’aide pas la terre à tourner avec mes pneus, elle ne le fera pas toute seule. C’est alors avec un grand plaisir que je retrouve mes bouchons, mon klaxon, mon foyer hors de mon foyer, ma porte vers l’aventure où je ne me rends jamais.
  • Soit je prends conscience que le télétravail fonctionne bien pour mes salariés ou pour mon employeur. Je décide de rendre ma ville plus belle en me mobilisant pour des transports en commun qui adoucissent ma ville et l’air de mes enfants. J’ai envie même de changer d’activité ou de mode de vie pour la rendre plus simple : la marche et le vélo, pas en salle, mais en vrai, et ainsi prendre vraiment soin de moi et des autres.

LA HIERARCHIE

  • Soit, j’ai eu hâte que l’école reprenne pour pouvoir y renvoyer les enfants, et que les hôpitaux retrouve un fonctionnement normal pour arrêter tout ce bazar. J’ai applaudi les travailleurs comme des martyrs ou des héros, et opiné devant les spots publicitaires qui encensent les éboueurs, les agriculteurs, les caissiers, les artistes, les employés des réseaux d’eau et d’énergie. Maintenant il faut reprendre sa place et, comme toutes les idoles des magazines à sensation, ces « travailleurs » doivent reprendre leur place, je vais les descendre un peu de leur piédestal : après tous ils sont là parce qu’ils l’ont bien choisi, ou qu’ils n’ont pas assez travaillé, ou juste pour avoir des privilèges de prof ! Je dois recommencer à maudire les enseignants en face de mes enfants, et à houspiller le personnel hospitalier. Je dois vite retourner faire mes courses avec des produits lointains pour oublier la terre qui m’entoure.
  • Soit j’ai pris conscience qu’on vivait dans un système de castes, avant. De hiérarchie aveugle, avant. J’ai envie de redonner ses lettres de noblesse à ceux qui s’occupent de mes déchets, car il n’y a rien de sale, et que je devrais le faire plus souvent moi-même avec les miens. Je veux garder à l’esprit la détresse de ceux qui donnent leur temps et leur vie pour faire grandir mes enfants, pour me nourrir au plus prêt de chez moi, pour me donner de quoi vivre, pour me faire grandir mentalement. Je décide de redonner de la valeur au vital et non au superflus, je décide de calmer mon égo qui voudrait les écraser pour me sentir mieux.

EXTRÊMEMENT SIMPLE

  • Soit j’ai du suivre le confinement à fond, pour aller ensuite à fond profiter de l’extérieur. Et j’apprécie que ce paragraphe soit court pour ne pas avoir à trop me poser de questions.
  • Soit je me suis demandé si j’allais vraiment « tout flamber » à ma sortie de taule. J’ai envie de ne pas passer d’un extrême à l’autre. Je me rends compte qu’on va toujours trop d’un extrême à l’autre : en politique ; en rejet total de la politique en rejetant le vote ; en éducation en rejetant le trop dur au profit du laisser tout faire ; en faisant soit 2h de sport par jour soit rien ; en me saoulant de travail ou ne bougeant plus de la piscine par principe. Je décide de prendre du recul et de penser à ce qui est vraiment bon pour moi et mes proches et d’accepter d’avancer chaque jour.

LA VISION

  • Soit il faut que je reprenne la lutte contre ceux qui veulent que ça change. Je dois mener ce combat qui est en fait assez simple : je reprends mon quotidien, je fais tourner la machine, j’achète, je me vends.
  • Soit j’ai vu que d’autres chemins étaient possibles. Je réalise que la pollution a chuté drastiquement et que je peux vivre une vie très agréable, pas avec beaucoup moins, mais sans le surplus. J’ai alors envie de continuer à voir : à voir que dans toutes les grandes luttes (pour les droits de la femme, contre l’esclavage, contre la peine de mort) il y avait toujours des voix pour nous dire, parfois pendant longtemps, où on finirait par aller. Aujourd’hui des voix se lèvent pour nous dire que le futur sera avec un air plus pur, avec moins de production, avec une agriculture locale et saine, avec plus de forêts, avec plus de culture, d’art et de savoir pour tous les âges. Alors pourquoi faire semblant de ne pas le voir ? Pourquoi lutter par principe ? Tout va bien, tout sera pour le mieux et on y va de toutes façons, alors allons y maintenant. Je décide d’arrêter de faire semblant d’écouter ceux qui par appât du gain font semblant de ne pas y croire.

LA CAUSE

  • Soit je suis en colère. L’heure des comptes a sonné : qui n’a pas mieux prévu les conséquences de cette crise, qui n’a pas commandé assez de masques, qui n’a pas prévu les leviers économiques plus tôt, qui a décidé de voyager pendant le confinement ? C’est l’heure du grand bûcher !
  • Soit je me pause la seule question qui compte à long terme et qui fait le plus mal : pourquoi ? Pourquoi cette crise a-t-elle commencé ? Pourquoi consomme-t-on et détruit on des espèces protégées ? Pourquoi y a-t-il autant de mouvements inutiles sur terre qui ont répandu la maladie ? Pourquoi en sommes-nous là ?

J’ai envie de réussir à me voir dans le miroir : pourquoi est-ce que je soutiens ce rêve de société par mes achats, par mes choix, par mon mode de vie ? Pourquoi est-ce que je prétends ne pas savoir que mes addictions aux produits venus de loin, aux grandes marques qui détruisent la planète et encouragent le travail des enfants, aux avions, etc. encourage tout cette propagation hier d’une crise bancaire, aujourd’hui d’un virus, demain d’une crise écologique ? Pourquoi ai-je du vendre la vie des mes enfants aux barrons du pétrole et de la finance ?

« C’est à vous. Que décidez-vous ?
– C’est à moi de jouer ?
– Oui, maintenant. »
#stopauconfinementmental

Par Baptiste Decourty.

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