Festival du Film Court de Villeurbanne : retours et critiques de la programmation du samedi 17 novembre !

Cette année, deux agents infiltrés suivent de près la 33ème édition du festival du film court de Villeurbanne. Baptiste Decourty et Tanguy Thevenot vont suivre la semaine complète de la programmation et vous faire un retour sur les films présentées pour cette édition 2012.

En avant pour le jour 1 et les trois programmations de ce samedi 17 novembre 2012 !

Aller sur le site du festival : www.festcourt-villeurbanne.com

Festival du Film Court de Villeurbanne

Samedi 17 à 14h30
Programmation 2 de La Compétition :

« Finale » de Simonyi Balazs, 2011 :
Simonyi, photographe et réalisateur hongrois de clips, courts-métrages et documentaires depuis 2002 nous livre ici un court très ingénieux qui n’est pas sans rappeler Le Batteur du Boléro de Patrice Leconte.
Film chorale en miniature et en « faux » plan séquence, Finale transpose le concept de l’orchestre au monde : on suit un personnage, puis un autre, le tout se liant avec fluidité, sans parole mais avec un accent sur la bande son et la musique.
Cette multiplication de personnages, pris dans l’élan temporel et spatial de la musique qui les entraîne, nous rappelle que chacun est important et que le plus petit acte dans la vie fait ce que appelons le monde ; jusqu’à ce magnifique final que je ne vous révélerait pas… à découvrir !

Pour en savoir plus : www.simonyibalazs.hu

« Les Navets Blancs Empêchent de Dormir » de Rachel Lang, 2011 :
Ana cherche va rejoindre son petit ami en Belgique le temps de quelques jours. Assez pour se poser des questions sur la vie en couple à distance et pour tout remettre en question.
Le film est très chouette, avec des personnages intéressants, attachants même et des dialogues très bien pensés, pour la plupart. Certains sont tout à fait dans le ton des discutions que l’on peut avoir dans l’intimité et d’autres sont presque trop lyriques pour être vraisemblables, bien que cela n’enlève pas à la beauté de l’œuvre.
Un film sur l’errance et la solitude à deux très bien organisé bien que pouvant parfois perdre un petit peu le spectateur, à deux ou trois moments, sur l’intérêt de suivre cette histoire. Erreur de rythme peut-être, souvent reprise dans la scène suivante.

Pour en savoir plus : www.unifrance.org/annuaires/personne/371965/rachel-lang

« Récession Finale » de David Myriam, animation, 2012 :
Le film est constitué du portrait d’un personnage qui n’a de cesse de se métamorphoser au rythme de la bourse qui va vers la fin de sa vie (de la nôtre?) et sous l’influence de sons électroniques stridents.
L’œuvre peut agacer mais travail la figure du monstre et la métamorphose de l’homme à merveille, passant par toutes les figures du monstre (le vampire, la momie, etc.) vers celui du cyborg boursier. A découvrir comme une expérience et à mettre en lien, pourquoi pas, avec un certain Delirium Cordia du groupe Fantômas, si vous aimez le genre…

Pour découvrir l’oeuvre : http://tramage.com

« Le Monde à l’Envers » de Sylvain Desclous, 2012 :
Film touchant sur Mado, une employée de grande surface de 56 ans qui subit la pression sociale de son travail et qui va décider d’aller faire une visite surprise à son fils. Elle découvrira malheureusement que, que ce soit au sein du monde du travail ou au sein de l’univers familial, les problèmes non résolus et les traumatismes sont présents et bien vivants.
Le Monde à l’Envers a de nombreux atouts en main, dont son actrice principale Myriam Boyer et son début avec une force sociale à la hauteur d’un film de Ken Loach. Ensuite, le problème tient peut-être en ce début, mieux rythmé que la deuxième partie du film (la phase familiale), qui laisse légèrement retomber le tout. Vaut tout de même bien le visionnage.

Pour en savoir plus : www.unifrance.org/annuaires/personne/337333/sylvain-desclous

« Jeanne » de Dania Reymond, 2012 :
Avec tout le respect que je puisse avoir pour Le Fresnoy qui nous offre des œuvres contemporaines et avant-gardistes de qualités, Jeanne ne m’a pas plu.
On suit l’histoire de Jeanne, une jeune femme internée en asile psychiatrique, pensant qu’elle est en quelques sortes une Jeanne d’Arc. Adaptation du procès de Jeanne d’Arc, le film aurait parfaitement marché avec un twist final par exemple et non simplement en reprenant un dialogue dans un cadre contemporain.
La mise en scène ne m’apparaît pas comme si profonde et est malheureusement assez soporifique. La valeur ajoutée à l’histoire de Jeanne d’Arc ou au produit filmique n’est pas présente malgré le travail sur le cadre et la blancheur des lieux, picturalement exploitable. Je passe mais l’idée était intéressante.

Pour en savoir plus : www.panorama14.net/177/jeanne-panorama-14

« A Morning Stroll » de Grant Orchard, animation, 2011 :
Sur trois périodes de l’Histoire (les années 1950, 2000 et 2050), nous allons suivre l’histoire de ce passant rencontrant une poule dans les rues de New-York et réagissant différemment selon l’époque mais n’arrivant jamais à saisir le fond de cette rencontre sur-réaliste.
Le retour des plans avec des visuels différents selon les époques vaut le coup d’œil mais malheureusement ce qui est raconté n’est pas très passionnant. Surtout en considérant les attentes que l’on pourrait avoir. La blague finale fait tout de même sourire… sans plus.

Pour un apperçu : http://theoscarshorts.shorts.tv/thefilms.php?id=21

Festival du Film Court de Villeurbanne

Samedi 17 à 16h30
Programmation 3 de La Compétition :

« Hors Saison » de Victoria Saez, 2011 :
Une jeune femme retourne en Espagne pour vendre l’appartement de ses parents après leur mort. Elle semble visiblement prête à repartir rapidement ensuite mais son cours séjour va faire renaître des choses chez elle.
La difficulté du film est de faire voir à peu de dialogues qu’elle n’aimait apparemment pas ses parents ni sa vie en Espagne mais que des détails vont raviver des souvenirs poignant chez elle, souvenirs qui pourraient l’amener à changer de point de vue. Sans dialogues, les souvenirs vont naître de son goût retrouvé pour certains gâteaux par exemple et d’une utilisation passionnante de la couleur à l’image.
Œuvre qui manque ‘parfois’ d’intérêt quand à sa narration et à son personnage principal, mais renoue avec des couleurs presque ‘Godardiennes ‘ légèrement perdues depuis les années 2000, ce qui est tout à son honneur, et qui travaille parfaitement l’image et les sous-entendus.

Pour en savoir plus : www.unifrance.org/annuaires/personne/345428/victoria-saez

« Edmond était un âne » de Franck Dion, 2011 :
Conte contemporain Edmond était un âne emprunte la voix narrative de proches d’Edmond raconté son histoire après sa disparition. Edmond était un employé chahuté par ses collègues qui ont été jusqu’à l’affublé d’un bonnet d’âne qui lui a permis de retrouvé sa vraie nature.
Le merveilleux nous replonge dans un univers de fées et de changelings dans un cadre moderne, et l’animation et le visuel sont parfaits. Quelques moments légèrement mous et qui auraient pu être évités toutefois.

Pour en savoir plus : www.edmondwasadonkey.com/french/edmond-etait-un-ane.html

« Long Distance Information » de Douglas Hart, 2011 :
Un fils appel son père pour Noël, ils ont évolué séparément et n’ont pas grand chose à se dire.
Film court par excellence, Long Distance Information fonctionne sur un principe de sketch avec une fin frappante et terriblement drôle. Bien sûr, le film ne sera pas visible à l’infini mais les personnages sont assez travaillés pour qu’on puisse le revoir avec les pièces du puzzle en main et en connaissant la fin.

« Colonel Berger » de Louise Traon, 2012 :
Avant de rentrer en France après un long moment passé un Bosnie, le Colonel Berger va repenser à son temps passé ici et à l’incident traumatique qui s’est passé quelques années plus tôt sous ses fenêtres : l’attentat du marché par l’Armée de la République serbe de Bosnie.
Le film nous montre les errances de cet homme à la veille de tourner la page sur sa vie passée. Seul problème, tout son présent et ses espoirs de futurs son marqués par les fantômes de cet attentat.
Le film est lent, contemplatif et introspectif. Cette œuvre tend donc à créer des jugements extrêmement subjectifs alors ce ne sera pas tant entailler sa réputation de dire qu’il ne m’a pas plu, qu’il n’a pas réussi à me toucher au point qu’il aurait pu et que selon moi d’autres films ont mieux travaillé les conflits internes, et du passé, en étant plus intéressant.
Faîtes vous votre idée…

« Les Chiens Verts » de Mathias et Colas Rifkiss, 2012 :
Bien que n’étant pas novateur du point de vue de la mise en scène, cette histoire d’une ancienne équipe de football se reformant pour un match contre l’équipe de leurs patrons et DRH cherchant à les délocaliser montre bien des intérêts.
Déjà, c’est drôle (malgré deux ou trois blagues qui tombent à l’eau) et les dialogues sont percutants. De plus, les acteurs sont très justes et bien choisis. Ensuite la narration est intéressante et le travail du son arrive à rajouter subtilement de l’humour. Enfin, l’idée du combat social et syndicale transposée au terrain, même si ce n’est pas complétement nouveau, fonctionne ici très bien.

Pour en savoir plus : www.longcours.fr/longcours/Les-chiens-verts

Festival du Film Court de Villeurbanne

Samedi 17 à 18h30
Programmation 4 de La Compétition :

« Au Poil » d’Hélène Friren, animation, 2012 :
C’est l’histoire d’une petite bêbête mignonne se transformant en créature bouffant le quotidien et la vie sociale de son propriétaire. Rien d’hors du commun, si ce n’est jusqu’à quel point cela va et le fait qu’on puisse profiter de plusieurs scène assez drôle. Un bon moment en somme…

Pour voir le film : http://videos.arte.tv/fr/videos/court-circuit-au-poil-d-helene-friren–6935664.html

« Sur la Route du Paradis » de Uda Benyamina, 2011 :
Deuxième film d’Uda Benyamina, Sur la Route du Paradis va chercher au cœur de la réalité sociale des sans domiciles fixes et des différentes cultures qui s’y mélangent. Sans préjugés, avec justesse et conviction, elle nous dépeint la vie de Sarah, la fille d’une femme qui veut passer avec ses enfants la frontière vers la Grande Bretagne, vue comme une terre d’accueil.
Film poignant et certainement l’un des meilleurs films sociaux du festival.

Pour en savoir plus : www.unifrance.org/annuaires/personne/358451/uda-benyamina

« Ce n’est pas un film de cowboys » de Benjamin Parent, 2012 :
Dans les toilettes d’un établissement scolaire, des jeunes parlent d’un film vu à la télé la veille : Le Secret de Brokeback Mountain. La discussion part vite sur la relation que chacun entretien avec l’homosexualité à l’adolescence, sur les problèmes d’apparences et d’amitiés dévoilées ouvertement et qui pourraient être mal interprétées à cet âge.
Le tout est parfaitement rythmé, extrêmement drôle et fait d’excellents clin d’œil au film d’un genre auquel il n’appartient visiblement pas.

« Opowiesci z chlodni (Histoires Congelées) » de Grzegorz Jaroszuk, 2011 :
Les deux jeunes employés les plus déprimés d’un super-marchés sont reconnus ‘plus mauvais employés du mois’. Leur patron, en patriarche étrange, leur demande de se trouver un but dans la vie : le choix est fait, ils participeront ensemble à une émission de télévision qui présente et vote pour les gens les plus malheureux du pays.
Opowiesci z chlodni est un film plein d’humour tournant autour de deux jeunes dépressifs drôles, comme des personnages de Tim Burton, malgré eux. Une belle découverte qui aurait pu prendre plus de risque au niveau mise en scène et tirer moins vers la comédie romantique, mais qui sinon tourne parfaitement bien.

Pour en savoir plus : www.adastra-films.com/fiche_realisateur.php?idr=15

« Ma Forêt » de Sébastien Pins, 2012 :
Un homme raconte la relation particulière qu’il avait enfant avec une forêt au sein de laquelle il se sentait une liberté et une puissance incroyable. Cet univers, troublé par la déforestation, lui glissera des mains mais il aura gardé ce que la Nature lui aura appris au fond de lui.
Les œuvres philosophiques sur la nature de ce type, tirant vers l’écologie ont parfois un problème que ce film présente. Ce dernier tend en effet à ne pas être très bon au niveau narratif et à avoir un aspect naïf et enfantin qui dessert un petit peu sa cause. Une partie du public l’aura classé comme « un autre film de gamin écolo » avant de passer à autre chose et c’est dommage. Les films de nature, à fort potentiel lyrique et philosophique comme celui ci, devraient être faits avec plus de force et de technique pour atteindre leur cible. Raté … et je le déplore.

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