[Critique Nanar] Undead


Suite à l’émergence très récente d’une nouvelle génération de réalisateurs influencés par Romero et Carpenter, le film de zombie semble faire son grand come-back ces dernières années avec des titres plus ou moins réussis, tel que Resident Evil, 28 jours plus tard, ou bien encore L’armée des Morts. Perdu au sein de ce palmarès américano-américain (les français ont certes eu également leur mot à dire avec Les Revenants, mais ce film est passé tellement inaperçu qu’on ne puisse vraiment le prendre en compte ici), retrouvons-nous Undead, une production australienne des plus inattendues. Mais par « inattendue », ne comprenez pas original, mais plutôt impensable, inénarrable. Car à la vue du film, on peut se demander comment des personnes normalement constituées ont pu accepter de participer à cette galère, à moins d’être dans un excessif besoin financier. 

Et, n’est-ce peut-être que de pures spéculations, mais ça pourrait expliquer pourquoi les frères Spierig, simultanément scénaristes, réalisateurs et auteurs, ont cumulés ces trois fonctions ; car personne n’eut voulu s’engager dans ce projet à la lecture d’un scénario tant foireux.
Frappée par une pluie de météorites, une bourgade reculée de la campagne australienne voit peu à peu ses habitants se transformer en mangeurs décérébrés d’humains, transformant à leur tour leurs victimes en zombie. C’est dans ce chaos croissant que se rencontrent six personnes d’horizons très diverses, condamnées à collaborer entre elles pour survivre afin de trouver une issue au lieu contaminé. Mais au cours de leur progression découvrent-ils alors qu’un gigantesque mur d’enceinte s’est construit, encerclant le village et ces alentours. D’où vient ce mur ? Selon l’un des protagonistes, il est d’origine extraterrestre, ces mêmes extraterrestre dont il affirme avoir été l’objet d’un de leurs enlèvement ! Comment le petit groupe va-t-il parvenir à s’échapper de cet enfer ? Quels sont au juste les intentions de ces mystérieux extraterrestres ? Là sont les principaux enjeux de l’intrigue…

Mais qu’est-ce qu’on s’en fout ! La trame du scénario est en effet loin d’être complexe et n’échappe pas au schéma ultra-classique du « seul contre tous. » L’ennui est alors difficilement retardé et alors comprend-on vite sa douleur après dix minutes (sur 1h44!) de film. En fait, le principal défaut de ce scénario, c’est qu’il joue constamment la carte de l’autodérision. Ca aurait certes pu se révéler très utile, car on aurait du mal à concevoir une telle histoire traitée avec le plus grand sérieux, mais encore faut-il faire dans la finesse. 

Et ce n’est pas le cas chez les frères Spierig qui se contentent de faire exploser des membres à tout va, sans se soucier du fait qu’il discrédite leur propre scénario par la même occasion.
Mais comme vous l’aurez compris, tout ça ne sert que de prétexte à faire du gore, d’autant mal rendu que la réalisation ne fait pas non plus dans la dentelle, enchaînant les séquences sans logique et découpant celles-ci au hachoir. Ainsi, nombreux sont les plans – d’une rare inutilité ceci dit au passage – qui ne durent pas plus d’une seconde.
Et dans ce registre, l’une des premières séquences s’illustre de par sa médiocrité, parvenant à nous flanquer à la gueule pas moins de 5 plans différents, alternés dans un ordre illogique et à un rythme qui rendrait épileptique le premier venu, et tout ça mis en œuvre pour nous montrer … un type mâchouillant un chewing-gum ! Peut-on parler de manifeste ? Peut être, mais en tout cas, les frères Spierig nous annoncent dès le début du film leur conception douteuse de la réalisation.


Conséquence logique de cette maîtrise absente, la cohérence narrative n’est également pas au rendez-vous. Et là aussi, l’introduction s’illustre, passant en revue différentes descriptions de personnages dont, pour certains d’entre eux,  on ne reparlera plus ! Et effectivement, il faut reconnaître aux deux frangins qu’ils sont passées maître dans l’art de développer des problématiques sans jamais y répondre. 

Mais finalement, c’est peut être le reflet d’un soupçon d’intelligence chez le duo car, sachant que leur QI déficient ne leur permettrait pas de remplir un scénario, autant lancer plein de pistes au risque de ne pas pouvoir y répondre car au moins, le spectateur cherchera des réponses durant le film, ce qui lui fera omettre toutes autres approximations. Et il est vrai que certains chercheront (la plupart aura cédé à l’endormissement logique provoqué par une telle daube ceci dit), mais de là à voiler tous les défaut, faut pas déconner ! D’autant qu’à la conclusion, ces même personnes sont alors rageuses, énervées d’avoir voulu jouer aux intellos là où il ne fallait sûrement pas !

Cette mascarade fait toutefois preuve d’une bonne logique dans le choix de piètres acteurs qui mettent parfaitement en exergue la bancalité du scénario. Surjouant dix fois plus qu’un Roger Hanin des pires épisodes de Navarro, ces derniers semblent viser un certain décalage, façon « deuxième degré », par rapport à leur rôle. Mais que pouvaient-ils espérer tirer de tels personnages aux charismes d’huîtres ? Le supposé héros même du film, un blanc-bec barbu tireur d’élite et acrobate à ses heures, fait d’ailleurs bien rire, notamment lorsque, armé de son triple shotgun (!), il s’illustre dans d’improbables gunfights, développant une certaine classe façon « the fermier touch. »

Encore que, sous l’égide de n’importe quel autre réalisateur, ces gunfights auraient pu révéler un certain intérêt, car côté effet spéciaux, le rendu est plutôt honorable et homogène tout au long du film malgré un manque de moyen évident. Mais ce point fort du film irrite paradoxalement, car l’exploitation qu’en font les Spierig ne lui fait aucunement honneur. Et on regrette qu’autant d’argent fut dépensé en post-production alors que les images d’origine n’étaient pas exploitables !

Et finalement, on aurait préféré que les auteurs-réalisateurs-producteurs effectuent eux-même ces effets spéciaux pour plus de cohérence. Mais il faut déjà reconnaître au couple qu’en ayant combiné trois casquettes différentes, ils nous livrent un film d’une rare unité, que l’on peut ainsi résumer en un seul mot : NUL.


Salaryman


Réalisateur : Michael et Peter Spierig

avec Felicity Mason, Mungo McKay, Rob Jenkins, Lisa Cunningham …
scénario et production : Michael et Peter Spierig

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