[Critique Nanar] Le Transporteur

Le Festival du Film des Arts Ninjas approchant à grands pas, rien de mieux qu’une petite critique Nanarde du DJ et chroniqueur intermittent Salaryman dont vous pouvez retrouvés l’actualité ici.
 

Parfois, on se doit d’avouer son infériorité face à l’intellect visiblement surdéveloppé de certains surhommes. Et au visionnage du Transporteur, c’est ce qui arrive, car force est de le constater : Luc Besson est un génie ! Si, si c’est vrai, suffit de regarder la scène d’intro du film ! La côte d’Azur ensoleillée, une course poursuite dans des ruelles, des flics cons comme des balais et des manœuvres impossibles en grosses cylindrées… euh… c’est Taxi qu’on regarde là ?

Et non ! Et c’est là d’où provient le génie du barbu normand. A l’aide d’un seul synopsis, il arrive à nous pondre quatre films « différents » (3 Taxis + 1 (ou 2 ?) Transporteur = 4 Bouses) et à trouver 3 réalisateurs sans âmes pour nous servir la même chose. Et le pire c’est qu’il y a toujours des gens pour aller voir des films estampillés Europa Corp (la firme de Besson quoi…)

Etonnant ? Pas franchement en fait, car si on creuse un peu dans la scénariographie (ce mot existe pas mais je m’en fous !) de Besson, on se rend compte que ce n’est pas les histoires de ces productions – pondues en un week-end sur une feuille de PQ accoudé sur la cuvette d’un WC public – qui font les beaux jours du scénariste, producteur et (il y a bien longtemps) réalisateur, mais bien que ce dernier, avant de se lancer dans les affaires, a réalisé une étude de marché des plus sérieuses.

Conclusion : il y a un marché à prendre, celui des cons. Autrement dit, ceux qui ne parle que tuning toute la journée, ceux qui affirment s’intéresser à l’Asie sous prétexte d’avoir vu 2 pauv’ films d’arts martiaux trouvés à Carrefour, ceux qui fantasment sur les filles qui posent dans ADDX et ceux qui s’imaginent faire partie de la culture hip-hop en écoutant du 50 cents. Et au passage, il ne faudrait pas oublier de rafler quelques jeunes de banlieue en faisant croire d’être à leur écoute (ex : Banlieue 13.)

Et comment conquérir un tel public ? Déjà, ne surtout pas se faire chier pour le scénario. Et c’est réussi ! Une production Besson, c’est un peu comme un film de cul, les gens ne viennent pas pour l’histoire puisque c’est toujours la même, mais bien pour l’action. Et Le Transporteur en est un bel exemple, comme d’autre d’ailleurs ( Le Baiser Mortel du Dragon, Les Fils du Vent, j’en passe …), mais à l’occasion de la sortie de son deuxième opus, cette critique s’imposait.

Donc Le Transporteur, c’est l’histoire d’un mec, Franck, qui travaille en tant que transporteur (ah ouais ? sans blague…) de colis divers et variés en freelance, histoire de compléter sa pension de militaire à la retraite. Ses employeurs, on s’en doute, ne respirent pas la légalité, mais Franck ne veut pas le savoir car c’est l’une de ses règles : pas de nom. Et ouais, Franck, c’est un mec il est comme ça, il s’est donné des règles pour éviter les emmerdes. Donc, il veut rien savoir sur ces employeurs, ni sur ce qu’il transporte. Et surtout, ne jamais changer les termes du contrat, parce que sinon ça change tous les réglages de sa voiture et c’est pas cool, faut le comprendre…

Mais v’la ti pas qu’un jour, alors qu’il était en plein spot de pub pour BMW… euh, non en fait il conduisait tout connement sur une route de campagne mais on voit tellement peu la différence dans ce film… enfin bref, un de ses pneus éclate (alors qu’il était censé avoir tout vérifié.) Allant chercher son pneu de rechange dans le coffre, il découvre que le colis qu’il transporte remue un peu beaucoup pour un sac de voyage. Mais Franck, il s’en fout, c’est pas la première fois que ça lui arrive sans doute. Cependant, on ne sait pourquoi, il va quand même ouvrir ce sac pour filer à boire à la personne qui s’y trouve. Découvre-t-il alors le charmant minois d’une petite asiatique, mais pas de sentiment, il reste encore de la route à faire. Seulement, Franck lâche peu à peu du lest. Ensuite, il laisse la fille aller faire ses besoins, la laisse s’échapper, la laisse la rattraper, la laisse lui créer des emmerdes avec des flics, la laisse venir la rechercher chez ses employeurs qui ont cherché à le tuer, la laisse squatter chez lui, la laisse le baiser, la laisse l’impliquer dans une histoire d’immigration clandestine (attention, Besson fait dans le social !) et la laisse lui régler tout ça tout seul.


Et alors Franck, elles sont passées où tes règles ? (personnellement j’ai bien une idée mais bon…) Et oui, ce scénario c’est vraiment n’importe quoi. Essayant de faire de la psychologie vite faîte, le récit consiste à nous montrer comment la vie d’un homme réglée comme du papier à musique peut basculer pour trois fois rien. De plus, on ne peut pas dire que l’interprétation de Jason Statham aide à creuser la psychologie du personnage. Visiblement influencé par l’école Steven Seagalesque, ce dernier nous livre un jeu d’acteur qui parvient difficilement à développer plus de deux expressions faciales différentes (autrement dit, une quand il est pas content et une autre quand il est vraiment pas content (cf. photos).


Mais il faut bien dire que Statham a avant tout été choisi pour ses capacités physiques. Et ce côté-là, ce n’est pas lui qui met en péril les multiples combats du film mais plutôt ce génie de Besson qui s’est amusé à les développer n’importe où et n’importe comment. Chorégraphié par Corey Yuen (qui avait déjà œuvré sur Le Baiser Mortel du Dragon), les combats sont certes relativement propres mais complètement risibles tant ils se déroulent dans des lieux improbables. 

On se souviendra notamment de cette scène dans le hangar à bus où Franck renverse sur lui une bassine de graisse, histoire que ses ennemis ne puissent le saisir et qu’ils soient également déstabilisés une fois le pied mis sur cette grosse flaque qui s’est crée. A ce niveau, c’est limite cartoonesque ! Sans compter qu’après une splendide glissade sur le ventre, Franck arrive à se saisir d’un vélo et une fois les pédales séparées de ce dernier et mis au pied du transporteur, celui-ci s’en sert de semelles anti-dérapantes et repart à l’action !! Un très grand moment !!!

D’autant qu’en arrière-plan sur les bus apparaît une jolie pub pour Rire et Chanson. C’est le bouquet ! Quoique ce n’est plus ce qui choque dans les placements de produits sont nombreux dans le film. Que ce la soit pour BMW, Orangina ou Mercedes, vous n’y couperez pas. Et de côté-là, le réalisateur, Louis Leterrier est très fort pour les mettre en valeur, car ce dernier est un habitué de la pub (Club Internet, L’Oréal, c’est lui !) Du coup, tout est hyper lissé, lumière comme déplacement de caméra comme jeu d’acteur. Ce n’est certes pas une mauvaise chose en soit mais tout ça participe à afficher une prétention certaine que le scénario ne peut soutenir. Et donc souvent, les scènes tournent au ridicule tant elles se la pètent bien qu’il ne se passe rien. Comme par exemple lorsque notre ami Francky fait tout connement cuire de simples nouilles au micro-onde. C’est réalisé en une tripotée de plans inutiles qui rendent vraiment ce passage à mourir de rire !

De plus, la bande son de Stanley Clarke en rajoute une couche. Habitué des films d’actions foireux (il a notamment écrit la zik pour l’endormant Roméo doit Mourir et pour Into The Sun, le dernier Steven Seagle), Clarke développe ses lignes de basses à peu près funky sur des rythmiques basiques, et tout ceci mixé en arrière-fond, histoire (n’oublions pas) de lisser le tout. Difficile de croire que c’est la même personne qui a composé la bande son de Boyz N’ The Hood

N’y a-t-il donc vraiment rien à sauver de ce film ? Euh… Ah si, entre deux bâillements on peut éventuellement se rincer l’œil sur Shu Qi dans son rôle de gentille petite asiatique innocente. Mais encore que… Mais le pire reste que ce seul point positif de ce film a été évincée de sa suite, bien que toute l’équipe technique, elle, est été sauvegardée. Encore un gros navet qui s’annonce !

Décidément, merci Besson ! T’es vraiment un génie ! Au moins avec toi, on a de quoi remplir cette rubrique pour un paquet de mois !

Salaryman


Réalisateur : Corey Yuen, Louis Leterrier
 avec Jason Statham, Shu Qi
scénario : Luc Besson et Robert Kamen

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