Critique Nanar : « Flic ou Ninja » de Godfrey Ho

Après avoir été violée par une bande, une jeune fille traumatisée remonte la filière d’un gang de yakuza afin de venger cet acte en réalité prémédité. Voici le résumé du scénario de Flic ou Ninja, et à première vue rien ne prête à rire. Et pourtant …

Dès l’introduction, la mise en scène chaotique, la maladresse des acteurs, le montage parallèle incompréhensible, (sans parler des jolis coloriages sur les visages des agresseurs) tous ces éléments surgissent pour notre plus grand plaisir. Mais quelque chose laisse tout de même perplexe, car la scène filmée est tout de même censée être un viol (et c’est pas bien de violer à ce qui paraît …)

Mais mieux vaut ne pas en tenir compte et mettre sa conscience sur stand-by, pour apprécier le film à sa juste valeur ! Ici, nous sommes en présence d’un film de Godfrey Ho, le maître du nanar à la hongkongaise. Certes Flic ou Ninja est le premier et le seul film que j’ai vu de ce réalisateur mais je ne doute pas qu’il ait acquis sa renommée par hasard.

Et ici, l’amorce du scénario n’est que le prétexte pour développer une énième histoire de vengeance. Il faut dire que c’est pratique pour un film de ninja : le gentil veut buter le grand méchant parce que celui-ci lui a fait un truc de mal. Donc si le méchant tue le gentil, ça fait pas de lui un méchant, même s’il tue tous les sbires du grand méchant qui n’ont rien demandé à personne. Toutefois, Flic ou Ninja recèle une petite particularité : cette fois, c’est une femme qui souhaite se venger.

Mais n’y voyait la marque d’aucune représentation féministe. Cette femme, du nom de Rose, charme ses ennemis pour les tuer (oh, la salope !), exploite un simple d’esprit comme homme de main (oh, la traînée !) et elle a même largué quelque années plus tôt un inspecteur d’Interpol (oh, la pute !) Mais elle n’est pas méchante puisqu’elle se venge.

C’est vrai ! Elle le montre d’ailleurs remarquablement dans une scène où toute l’émotion du film est concentrée. Prise dans un piège tendu par les yakuzas, elle sauve le brave demeuré qu’elle a recueilli en prenant sa place comme condamnée à la décapitation.

Mais le brave imbécile beugle (même si on ne l’avait jamais entendu avant), il beugle de toutes ses forces car il ne veut pas la voir mourir. Et là, Rose a ses quelques mots : « Je sais, tu es amoureuse de moi mais tu n’a jamais osé me le dire parce que tu es trop timide. » Et le demeuré acquiesce. Et on comprend alors que si elle l’exploite, c’est bien parce qu’il le veut (quel con décidément !)

Ah quelle poésie ! Décidément, la déficience mentale vu par Godfrey Ho, c’est marrant à voir, parce que c’est vraiment traité à la va vite. En fait, le réalisateur aurait très bien pu remplacer le neuneu par une vache que ça n’aurait pas changer grand-chose.

Car c’est comme tout le reste : ça ne sert que de toile de fond pour faire des scènes d’actions avec des gros hommes musclés (car comme dirait quelqu’un, le muscle c’est Maracas !)

Et on le voit d’ailleurs dans cette scène, les deux personnages sont sur le point de se faire tuer quand arrive soudain le véritable héros du film. Il s’agit de George, l’ex-petit ami de Rose travaillant à Interpol et qui enquête sur les meurtres de celle-ci, et lui prête aussi main forte au passage.

Mais bizarrement, il n’y a pas tant de baston que ça. Les scénaristes du film (encore des gens payés à rien foutre) ont essayé de développer une histoire de règlement de compte entre yakuzas autour (si j’ai bien compris) d’un trafic de diamants histoire de trouver une bonne raison pour que ça se figthte, et ils ont essayé de lier une histoire de viol à tout ça.

En fait, Rose a été violée pour faire payer une faute a quelqu’un, mais du coup sa vengeance vient foutre la merde. Mais c’est aussi le cas dans nos esprits parce qu’au plus on avance dans le film, au plus on se perd au milieu de ces deux scénarios parallèles. Et les éléments qui finissent par se révéler juste avant le combat final n’ont finalement plus aucun impact sur notre esprit amorphe, bloqué dans une sorte de labyrinthe mental et psychédélique.

Mais le pire dans tout ça, c’est que même les scènes d’actions sont mal filmées. Déjà peu nombreuses, elle se concentrent sur un étrange ninja occidental (c’est Bruce Baron, l’acteur fétiche de Ho.) Parachuté dans le récit, il s’agit en fait du chef de George qui l’aide quand ça lui prend en tuant tour à tour quelques ninjas du clan des méchants, liés au yakuzas (forcément.)

Que reste-t-il donc ? Et bien vraiment pas grand-chose, d’autant que les acteurs n’ont aucun charisme (et un énorme merci aux voix françaises qui leur rendent bien) à tel point qu’on finit par avoir du mal à les distinguer. Et ça n’arrange rien à la compréhension, à tel point que suivre ce film devient une épreuve de concentration. Mais après tout, c’est sans doute le plus grand intérêt qu’on puisse lui attribuer.

Salaryman

N.B.1 : Afin de compléter votre point de vue sur la question, je vous renvois à la très bonne critique-fleuve réalisée par Nikita du site nanarland.com : http://www.nanarland.com/Chroniques/Main.php?id_film=flicouninja

N.B.2 : Bon, j’ai un peu torchée cette critique (si, si, ça se voit, dîtes pas le contraire.) Mais ça fait longtemps que j’ai plus revu ce film. Ma critique est donc en ligne car nous sommes en juin, mais je ne tarderai pas de la compléter une fois que j’aurais regardé ce chef-d’œuvre de nouveau … Désolé !

N.B.3 : C’est pas parce que je défends les rôles de filles dans les films face aux gros musclés à moustache que je suis forcément homosexuel ou intello …

Laisse un commentaire grâce à la technologie Facebook :