Critique ciné : « Godzilla Final Wars » de Ryuhei Kitamura (2005)

Après 50 ans d’activité au service du cinéma catastrophiquo-science-fictionnel nippon, Godzilla, la grosse bêbête radioactive, est de retour dans un nouvel opus qui s’annonce comme une conclusion des plus fastes.

Et pour cause, la quasi-totalité des ennemis du mastodonte rencontrés au fil des différents épisodes, de Mothra à Gonta (personnellement, mon petit préféré), se retrouvent autour de ce gâteau d’anniversaire qu’est Godzilla Final Wars. Même l’adaptation façon T-Rex de Roland Emmerich se paie quelques apparitions remarquées. Mais ce dernier est un peu à part car il s’agit bien du seul monstre animé par ordinateur.

En effet, nostalgique de la bonne époque de la Toho, le réalisateur Ryuhei Kitamura, qui ne fait décidément rien comme les autres, impose une « old school touch » et joue les intégristes fondamentalistes de l’acteur en pyjama moulant jouant dans des villes en boîtes d’allumettes embouteillées de voitures majorettes.

Aussi impressionnant qu’un épisode de Power Rangers, ce film n’en affiche pas moins quelques belles images de synthèses donnant existence aux innovations scénaristiques propres à ce nouveau Godzilla. Et elles sont nombreuses dans ce dernier qui n’a finalement plus rien à voir avec son original de 1954.

Godzilla Final Wars de Ryuhei Kitamura

Quoique, c’est bien à dater de cette année que l’univers du film prend une évolution parallèle à notre Histoire (dont il était déjà plus ou moins question dans les précédents chapitres.) Depuis l’apparition du monstre, la Terre est en proie au danger permanent que représente ce titan vert.

L’historique des apparitions multiples de ce dernier est d’ailleurs résumé à travers un somptueux générique. Mais, grâce à des efforts répétés, Godzilla est finalement neutralisé, enseveli pour l’éternité sous la banquise du pôle Sud. Mais quelques décennies plus tard, le monde n’en vit pas plus en paix puisqu’elle subit les assauts constants de créatures gigantesques. Heureusement, soucieux de sa sauvegarde, l’humanité a stoppé ses luttes intestines afin de concentrer ses forces autour d’une armée mondiale qui, composée de soldats génomes aux chorégraphies particulièrement gracieuses, est chargée d’annihiler toutes menaces. Vient le jour où cet équilibre fragile bascule …

Sans crier garde, des créatures gigantesques apparaissent en nombre aux quatre coins de la planète. Vite dépassée, l’armée est en pleine déroute et l’humanité au bord de son extinction quand, sans crier garde (décidément …), une énigmatique force extraterrestre s’invite dans le conflit et éradique les méchantes bestioles en quelques coups de rayon laser.

Qui sont ces êtres venus d’ailleurs ? Très vite, les explications se développent : contrairement aux allures les plus extravagantes auxquelles on aurait pu s’attendre vu la ribambelle de créatures improbables auxquels nous avons déjà eu droit, ces extraterrestres arborent une forme humanoïde et dévoilent des intentions clairement humanistes.

En effet, à des millions de kilomètres de là, un astéroïde gigantesque pointe son nez droit sur notre planète bleue et les jours sont compter avant qu’il n’entre en collision. C’est alors là qu’interviennent ces braves extraterrestres, invoquant aux humains de réunir leurs forces militaires en un seul point de la planète afin de contrer le gros caillou dérivant.

Quelle idée farfelue ? En tout cas, heureusement que toutes nations terriennes vivent en paix, car pour mener une offensive, il n’y a pas mieux ! Mais est-ce que ça traînerait pas un peu dans les têtes de ces prétendues bienfaiteurs d’une autre galaxie ?

Bon, autre question, et plus légitime cette-fois : il est où Godzilla là-dedans ? Pour le découvrir, je ne saurais que trop vous conseiller d’aller le découvrir de par vous-même, car en révéler plus sur ce scénario dense et généreux en rebondissements impossibles vous gâcherait la séance.

Ainsi, au delà de son esthétique surprenante, Godzilla Final Wars tire son épingle du jeu à grands coups d’idées surprenantes, dont certaines très intéressantes aurait peut être mérité d’être mieux représenté. Mais là n’est pas le but de Kitamura qui se donne à cœur joie en exhibant tous les défauts des effets spéciaux des précédents Godzilla. Certes, ce n’est pas pour autant qu’il berce dans la parodie.

Bien au contraire, il ne dénigre pas mais revendique cette branche du cinéma japonais, tant le scénario est traité avec un grand sérieux. Du coup, manœuvrant sur la corde raide du kitsch et de l’austère, il trouble aisément le spectateur qui finit par ne plus savoir s’il doit se tordre de rire ou entrer au cœur de l’action, s’il faut l’interpréter au deuxième ou premier degré. Mais Kitamura le sait-il lui-même ? On peut se le demander …

Quoiqu’en regardant de plus près la mise en image très précise qu’il nous livre, on se dit que tout ça n’est finalement pas fait au hasard. Et ainsi se prend-on à croire à l’incroyable, d’autant qu’avec la splendide photographie de Takumi Furuya, empruntant à Janusz Kaminski (le directeur photo de Spielberg) et Bill Pope (Matrix, Spiderman 2) sans qu’il n’ait rien a envier à ses talentueux confères, la tension est palpable quoiqu’elle flanche un peu en fin de film, accablé d’un scénario certes foisonnant mais pas bien profond.

Mais cela suffit-il à Godzilla Final Wars pour être un bon film ? Et bien oui, puisque malgré quelques lourdeurs propres au genre, le film divertit sans problème et quelque scènes méritent même leur place au panthéon de l’incroyable. Donc si vous voulez en (sa)voir plus sur tout ce que la J-pop cinématographique peut se permettre, courrez le voir avant qu’il ne soit retiré de l’affiche (c’est déjà suffisamment incroyable qu’un tel film soit distribué en salle en France, autant ne pas le rater !) Par contre, pour tous les autres … fuyez !

Salaryman

Réalisateur : Ryuhei Kitamura
Acteurs : Asahiro Matsuaka, Masahiro Matsuaka, Akira Takarada, Kane Kosugi, Kazuki Kitamura
Scénario : Ryuhei Kitamura, Isao Kiriyama
Directeur Photo : Takumi Furuya
Japon. 2005. 2h05.

Godzilla Final Wars de Ryuhei Kitamura

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