Confinement, un Journal | Jour 29 : Trois chats dans un bateau

Précédemment dans le journal du confinement de l’Amazing Bicoque :

Après de nombreuses aventures, Jal, accompagné de ses amis Mullervater et Coco, a réussi à attraper Tofu, Freya et Praline, les trois chats impliqués dans le trafic de croquettes dans le jardin de l’Amazing Bicoque. 

Emprisonnés à l’étage, ils échafaudent un plan.

Nous voici donc enfermés par les humains. Ils sont malins, ils ont fermé portes et fenêtres, nous laissant tourner en rond pendant que l’on attend leur verdict. 

Tofu abandonne rapidement toute velléité de résistance en s’installant sur le lit et en s’endormant immédiatement. Freya, de nature plus énergique, fait tomber méthodiquement tout ce qui traîne sur la table basse. Quant à moi, je réfléchis.

Moi, Praline, responsable du secteur, cheffe de guerre de l’impasse, voilà que je me suis faite attraper en fourbe, par un neuneu dont la capillarité insulte les lois de la physique. Et ça me rend folle, ça va se payer. Étant de nature résiliente, un plan se dessine dans mon esprit…

Soudain, des pas dans l’escalier, ils arrivent.

Plus le temps de réfléchir, je feule un avertissement aux autres et cours à toute allure en direction de la bibliothèque que je percute de tout mon poids. Même si je fais partie des mini-modèles félins, mon pressentiment se vérifie : son équilibre est précaire. Elle se renverse donc en direction des fenêtres qu’elle percute violemment, faisant voler les vitres en éclats sous le choc. 

“Nom d’un cochon d’Inde !”, crie quelqu’un derrière moi. C’est le propriétaire de la bicoque. Celui-là même qui ne m’avait pas ouvert alors que je crevais de froid en décembre. Du coup, je me dis c’est le moment de s’évader et de se venger : je lui saute dessus toutes griffes dehors. 

Freya n’a pas perdu le Nord en attendant, elle s’échappe à travers les jambes du propriétaire mais, pendant que je laboure l’ennemi de mes griffes, je remarque qu’elle tombe nez à nez à ce qui semble être un jeune SDF sans pantalon. 

“Ma fifille !” crie -t-il. 

Ah… C’est ça, son père ? Je comprends mieux le besoin d’émancipation de la demoiselle.

Mais que fait Tofu ? Ce serait pas mal qu’il participe à l’effort de guerre. Si nous profitons actuellement de l’effet de surprise, les humains vont vite reprendre le dessus. 

Alors que j’essaye d’éborgner le propriétaire, justement ce dernier réussit à m’attraper à deux mains et à m’éloigner de son visage.

Du coin de l’oeil, je vois Tofu qui s’est approché de la fenêtre explosée, reniflant prudemment les décombres avant de s’asseoir et commencer sa toilette. 

Alors que je me dis que toute l’opération est fichue, un cri fait se retourner mon principal opposant. Parfait, j’en profite pour donner de la griffe et de la dent comme jamais. Miracle, il me lâche. Une fois au sol, je file entre les jambes des humains pour déboucher dans la cuisine. Là, je tombe sur celui qui m’avait attrapé. Dans tous ses états, il fouille le sol en criant : “Merde, mais mon oinj… !” J’ai bien envie de lui laisser quelques marques souvenir en passant, mais l’urgence c’est de s’échapper de cette baraque de l’enfer. 

Je me demande où est passée Freya ?  La réponse ne se fait pas attendre, tandis que je la vois sortir de derrière la gazinière. Qu’est-ce que… ? Une odeur soudaine de gaz répond à ma question. M’avisant que le SDF capillairement inadéquate serait bien foutu de s’allumer une clope à ce moment, d’un saut nous disparaissons par la fenêtre avant la catastrophe.

On est dehors ! L’heure est venue d’aller voir le boss, expliquer le bordel… Toutefois un son plaintif m’arrête. Ah oui, c’est vrai… comment l’oublier ? 

Tofu est en train de miauler de toutes ses forces à la fenêtre du haut en nous regardant. Flûte, on n’a pas le temps pour ce demeuré. Mais l’abandonner c’est aussi le laisser aux mains des humains qui ne vont pas le lâcher cette fois. Il faut protéger le réseau à tout prix, sinon les conséquences seront pour ma pomme.

Apparement, les humains sont encore occupés à gérer la fuite de gaz. On miaule donc en retour vers Tofu pour lui dire de descendre fissa.

Un bruit sur ma droite m’indique aussi que ça bouge dans le jardin. Je prends un gros coup de flippe avant de me rendre compte qu’il s’agit du lapin dans son enclos. Lemmy de mémoire, une sacré tête de mule qui aime chercher la bagarre. Toutefois, il ne m’a jamais vraiment dérangée. De toutes façons, tant qu’il ne sort pas d’où il est, je m’en fous pas mal.

De son côté, cet abruti de Tofu entreprend de descendre lamentablement par la fenêtre. On essaie de lui faire entendre qu’il ferait mieux de faire demi-tour pour tenter une percée par les escaliers, mais tout concentré à sa descente périlleuse, il passe une patte après l’autre sur les rebords de la fenêtre, très, très lentement. C’est pas gagné.

Une ombre apparaît à la porte ; un humain, bien entendu. Ils ont repris leurs esprits, mieux ne vaut pas traînasser. L’humain pousse un cri en nous apercevant, ce qui a pour effet de faire chuter de peur Tofu qui s’écrase droit sur la table de jardin. Déjà antédiluvienne, cette dernière explose sous le coup. Je me dis qu’avec un peu de chance, le chat n’y aura pas réchappé. Mais non, sautant hors des débris, il file dans notre direction et nous dépasse sans demander son reste. Nous le suivons, disparaissant enfin dans les ténèbres. 

***

Nous stoppons notre course au bout de l’impasse. Maintenant, direction le boss, il faut que l’on se réorganise avant que nos portraits soient placardés dans tout le quartier. Confinement ou pas, ça sera chaud pour nos fesses de ne pas se faire repérer. 

“Direction Canocittà ! ordonnais-je.
– Qui ça ?” demande Lemmy le lapin.

A suivre !
Jour 30 : Sans oublier le lapin

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